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2004 Argentine - 22/08/2004 au 11/09/2004

Je vais décrire ici une région de l’ouest de l’Argentine que j’ai découvert au cours de mon premier trek de plusieurs jours en autonomie dans la région du lac Nauhel Huapi près de San Carlos de Bariloche.

La carte de la région.

La carte du parc national Nauhel Huapi.

Jour 1 (24/08/2004) : voyage jusqu'à Bariloche

Après le long vol de nuit de Paris à Sao Paulo puis avant dernier saut de puce, me voilà enfin à Buenos Aires, ville immense située à l’embouchure du Rio Del Plata. Une ville aux charmes très variés et constituée d’un centre de hauts immeubles modernes aux façades vitrées que séparent de vastes squares, puis d’immeubles moins charmants car du même type que nos barres verticales des années 60. Le minibus qui fait la navette entre les deux aéroports me permet de tester mes notions récentes d’espagnol et le résultat est meilleur que ce à quoi je m’attendais, quoique je me surprenne quelque fois à baragouiner « angnol », mélange d'anglais et d'espagnol.

Après ce centre constitué de hauts immeubles on trouve une immensité quadrillée à l’américaine, chaque bloc étant constitué de petits immeubles de deux ou trois étages et plutôt en mauvais état. Plus on s’éloigne et plus la hauteur des constructions diminue pour se terminer par des baraques. Les carrés de constructions sont ensuite remplacés par des carrés cultivés, le début de la vaste plaine qui se prolonge pendant des milliers de kilomètres. Les routes qui constituent le quadrillage sont rapidement remplacées par des pistes en terre. Seules notes discordantes dans ce paysage géométrique, quelques fleuves tortueux tellement il semble qu’ils aient du mal à trouver le dénivelé dans la platitude et de nombreuses étendues boueuses plates comme des flaques elles aussi. Les parcelles s’agrandissent, les pistes sont toujours aussi rectilignes et relient quelques agglomérations toutes les centaines de kilomètres.

Après une bonne heure de vol les carrés cultivés ont laissé place à des parcelles qui semblent abandonnées et où quelques arbres sont venus rompre la plate monotonie. Les agglomérations sont devenues bourgs puis simples fermes isolées les unes des autres par de nombreux kilomètres. Pendant plus de 1500 km, même les nuages sont complètement plats. Cette immense plaine est l’œuvre d’un esprit géométrique ! Dans l’avion je me surprends à rechercher la moindre trace de relief dans cette immensité, en vain pendant tous ces kilomètres et sur 360° ! Pourtant malgré cette monotonie je scrute l’horizon à la moindre trace de ce que je recherche. Je passe d’un bord à l’autre de l’avion. Plus de deux heures de vol et toujours rien.

Enfin, il me semble distinguer quelque chose au loin qui se démarque quelque peu des nuages, qui part du sud et se prolonge au nord aussi loin que je puisse voir dans ces deux directions. Oui, c’est bien la cordillère des Andes. Après quelques minutes mes soupçons se précisent, je distingue même un pic pyramidal imposant, au moins un 4000 m. Au sol apparaissent quelques plis, quelques croissants de petits reliefs, les effets annonciateurs du fulgurant bouleversement. D’un coup, des vallons couverts de bosquets et sillonnés par quelques rivières. Le « désert » plat est devenu « désert » bosselé. A l’horizon, comme une barre infranchissable se dresse la cordillère enneigée. Les vallons laissent rapidement place à une première barre montagneuse puis c’est la plongée sur le lac Nauhel Huapi au bord duquel se trouve San Carlos de Bariloche. Le dernier point de vue depuis l’avion est impressionnant : le lac immense, une vraie mer intérieure, Bariloche sur la berge de gauche et au fond de droite à gauche et sur 180°, une muraille blanche ornées de quelques aiguilles acérées. Atterrissage sur une piste qui ressemble plutôt à celle d’un aérodrome militaire désaffecté. Un minibus m’amène au centre de la ville. De nouveau quelques mots d’espagnol. Ensuite un taxi pour aller au gite qui se trouve à 18 km en dehors de la ville, au bord d’un petit lac, il y en a de nombreux autour du Nauhel Huapi, et en pleine forêt.

Hôtel gite très sympa, un peu dans le style auberge de jeunesse mais pour tous les âges, avec tout ce qu’il faut pour favoriser les échanges comme la salle de repas commune. Il est tenu par de jeunes argentins. Je discute un long moment avec Augustine qui parle très bien anglais. En toute fin d’après-midi, après une bonne douche réparatrice, je passe un bon moment dans la salle commune « salon - salle à manger – bar ». J’y trouve les premiers renseignements sur le trek que je prévois de faire. Je fais ensuite connaissance avec un couple de sud-africains et leur fille. Ils sont là pour faire du ski, comme la plupart des autres personnes que je rencontrerai dans le gite d’ailleurs. Au gite il y a tout ce qu’il faut pour préparer soi-même ses repas mais on peut aussi commander. C’est un type à l’allure de gaucho qui amène les plats, steaks, salades, frites, pizza... A 20H30 direction le lit, j’accuse le contre coup des 4 vols.

Jour 2 (25/08/2004) : Bariloche

Journée consacrée à la visite de Bariloche, marcher un peu pour récupérer et me mettre en condition. Depuis le gite c’est un vieux bus Mercedes qui fait la navette.

Tout l’extérieur de la ville ressemble à un bidon ville, mélange de baraques en briques et en bois, à peine terminées. Le centre touristique se limite à deux rues principales. Qui l’eu cru, une des spécialités culinaire semble être le chocolat ! Il y a quasiment des mini super marchés destinés uniquement au chocolat. Sinon c’est un mélange de traditionnelles boutiques de souvenirs, de fringues, d’équipements de ski et d’agences d’excursions qui en fait n’organisent que des visites en bus des coins à voir dans les environs.

Grâce à l’Euro, et surtout à la récente dévaluation du Peso, la vie n’est vraiment pas chère (1 Euro = 4 Pesos). J’en profite pour jeter mon dévolu sur une polaire bien épaisse et un super pantalon de randonnée (10 ans après je l'utilise encore). Quelques cartes postales pour la famille et les amis. Finalement j’arrive à me faire comprendre et à comprendre plus ou moins ce qu’on me dit. Je me fais indiquer par une boutique la direction du Club Andino. Je suis les indications et je le trouve sans problème. Ils n’ont pas de renseignements particuliers à me donner mais m’indiquent l’office du Parc National juste à côté. Super, j’y trouve une carte suffisamment détaillée, « Muchos gracias señora ». Sur la carte je repère ce que je peux trouver sur le parcours. Il y a une ville à mi-parcours et sinon des campings et des « accommodations ». Les campings sont de 3 types : libres, « agreste » (les plus nombreux) je ne sais pas ce que cela signifie, et les organisés. Je trouve plus tard la traduction de « agreste », c’est rustique, on verra bien...

En parcourant la ville je remarque que les habitants sont de trois types principaux. Les européens type plutôt espagnol, les sud-américains type plutôt mexicain et les andins au type très prononcé. En fin de journée je rentre au gite, j’attaque les cartes postales puis un couple d’argentins de Buenos Aires et une jeune américaine que j’avais rapidement vu le matin au café viennent taper la discute. Mon origine française leur font me poser plein de questions. Au bout d’un moment le gars doit partir et je me retrouve à parler géopolitique avec les deux filles, la première est pilote de ligne pour la compagnie Aerolineas Argentina, la seconde travaille à l’ambassade américaine de Buenos Aires. Je suis en pleine Patagonie andine pour discuter du monde ! Elles sont là pour le ski comme tout le monde.

Jour 3 (26/08/2004) : Bariloche - San Horacio

C’est le jour du départ. Temps plutôt maussade. Le bus m’amène d’abord au centre ville d’où je prends un taxi pour aller au départ du circuit que je prévois de faire. Mon espagnol fonctionne toujours aussi bien. C’est évident que je ne discuterai pas géopolitique en espagnol comme en anglais hier soir mais bon, c’est déjà pas mal. Je passe le sac à dos de 17 Kg et je me lance d’un pas décidé.

Les premiers paysages sont assez désertiques, c’est le bord de la pampa. Je m’écarte du lac pour me diriger carrément vers l’intérieur. Aux premiers relevés je suis à 6 Km/h, ah si on pouvait faire du trekking avec un petit sac de 4 ou 5 Kg ! Malheureusement ici c’est la fin de l’hiver et il m’a fallu charrier la tente et le duvet, plus assez de nourriture pour tenir plusieurs jours au cas où. Pour l’eau ça ne devrait pas être un problème, une bonne partie du circuit longe le lac principal et d’autres plus petits, de plus j’ai pensé aux pilules micropur.

Au bout d’un moment je me trouve dans des paysages typiquement patagoniens, de vastes vallées bordées de petites montagnes, des bosquets de pins ou de cyprès, voire même de petites forêts. Quelques vaches et chevaux errent de ci de là. Je ne vois aucune habitation.

Je m’arrête manger un bout. Tiens, un os, et pas un petit, un comme ceux qu’on voit dans les westerns, blanchis par le soleil, au beau milieu de la vallée de la mort. Après ces paysages, je me trouve dans une partie un peu plus montagneuse qui ressemble étrangement à l’Auvergne. Je croise un type à vélo. Il n’est à l’évidence pas Argentin. C’est un Norvégien qui fait un bout de route sur un vélo vieux comme Erode qu’il a acheté aux USA. Comme il voyage dans le sens inverse du mien, on échange nos expériences. Un ranger arrive en 4x4, s’arrête et tape la discute avec nous. Bon c’est pas tout mais on a de la route. On se sépare et je reprend seul mon chemin malgré l’offre du ranger de me déposer au premier camping.

Le sac commence à peser, j’en suis seulement à 18 Km. En plus j’aborde une cote en ligne droite totalement démoralisante. Enfin après la cote une bonne descente et je retrouve le lac par son extrémité la plus à l’Est. J’ai vraiment l’impression d’être en Auvergne. Au loin c’est la Cordillère. Ca donne l’impression d’avoir l’Auvergne à côté des Alpes ! Je commence à peiner un peu, il est temps d’arriver au camping ! Je croise des bucherons puis une vieille femme dans une cabane. Un camping se trouve juste en face mais comme le ranger m’a conseillé d’aller au second, je lui demande s’il est loin. La réponse m’étonne : « Mi entiendo nada ». Pourtant je suis quasiment sûr que ma question est bonne, peut-être l’accent... J’essaie différemment et j’arrive finalement à lui faire dire qu’il se trouve à 2 Km, il m’a fallu 10 bonnes minutes.

J’arrive enfin au camping San Horacio qui se trouve sous des cyprès géants au bord du lac avec une petite plage. C’est nickel. Je monte la tente, j’allume un feu, toilette record du monde de vitesse car le vent que je subit depuis le début est glacial. Je me laisse tenter par un couscous lyophilisé. Un régal ! Je me couche bien fatigué mais repu. Il flotte un peu, fait chier, j’espère que ça va pas être le déluge cette nuit.

Jour 4 : (27/08/2004) : San Horacio - Villa Angostura

Ca a flotté toute la nuit et toujours avec du vent. Heureusement pas d’eau dans la tente. Il faisait frais mais je n’ai pas eu froid, vive les sous-vêtements Odlo que je recommande chaudement. Comme souvent j’ai alterné sommeil profond et réveil, avec pas mal de rêves au petit matin, dont un où pour la première fois je suis à la recherche d’un trésor de pièces d’or ! C’est pas une blague, ça doit être l’effet patagonien. J’émerge vers les 9H30, il fait bon, ciel de traine. De nouveau petite toilette et rangement du camp. Petit déjeuner avant de reprendre la route.

Un peu dur au début mais le réveil musculaire a lieu après 1 Km. La route longe toujours le lac, c’est très beau. Toujours l’impression d’être en Auvergne. Après les 32 Km d’hier je ralentis un peu la cadence. Premiers rayons de soleil, c’est royal. Très épisodiquement je passe par de petites fermes. En contrebas de la route il y a souvent de petites plages. Un peu avant midi le temps se couvre à nouveau. Après être passé devant une sorte d’auberge je reçois quelques gouttes. Finalement j’échappe au gros orage. Je profite du retour du soleil pour manger au premier camping. Je commence à apercevoir l’extrémité du lac, au delà de La Villa Angostura.

Peu après je passe par le second camping. Je pensais y rester pour la nuit mais comme il est tôt je décide de poursuivre, quitte à terminer par du stop pour rejoindre la petite ville. Sur le parcours je croise quelques propriétés privées en bord du lac, je dois être à 15 Km de la ville. Au Km 50 depuis Bariloche je décide de faire du stop. Un premier pickup plein à ras bord passe sans s’arrêter puis une Fiat s’arrête, j’ai du attendre 3 minutes. C’est un mécano, on échange quelques mots et je lui demande de me déposer à « un hôtel mas economico », un lit et une douche me suffiront. Il me dépose juste à coté de son garage où se trouve effectivement exactement ce qu’il me faut, 35 pesos avec petit déjeuner, impeccable.

En passant par la ville j’ai noté qu’elle était très pittoresque car constituée de petites maisons en bois type chalet, avec ce bois très particulier couleur caramel. Je vais rester ici, le temps se couvre très nettement et je pourrais récupérer un peu. Demain je ferai une petite visite.

Jour 5 (28/08/2004) : Villa Angostura

Il a encore plu toute la nuit. Temps complètement bouché ce matin, j’ai bien fait de ne pas rester au camping juste avant d’arriver à la ville. Je reste donc sur mon idée de passer une journée dans cette petite ville. Le matin je visite donc La Villa Angostura qui se trouve à l’extrémité Nord-Ouest du lac Nauhel Huapi. Toutes ces maisons en bois couleur caramel c’est très joli.

Pour me dégourdir un peu je descends jusqu’au port. L’été en décembre ça doit être un coin très touristique. Aujourd’hui il n’y a qu’un seul bus à touristes, probablement venus de Bariloche, et qui font quelques photos sur le ponton. Ca commence à bien flotter, je remonte et une voiture s’arrête spontanément pour me proposer de me déposer en ville. Le gars connait quelques mots de français pour avoir été en France, il a fait Carcassonne et Grenoble en vélo ! Il est géomètre expert.

Il m’arrête à un cyber café que j’avais repéré et j’en profite pour donner quelques nouvelles. Cadre très joli, tout en bois massif. Je jette mon dévolu sur du lama pimenté, histoire de goutter. Le ciel est toujours gris et très bas, quelle merde. J’apprends qu’un pont sur la piste qui mène à San Martin de Los Andes a été emporté par les eaux, il va peut être falloir que je modifie mon parcours. Il y a une possibilité par La Villa Traful de rejoindre une autre piste qui mène aussi à San Martin, mais c’est une autre histoire. J’aviserai ce soir. Toute l’après-midi encore et toute la nuit ça flotte.

Jour 6 (29/08/2004) : Villa Angostura - Lac Espejo

Au petit matin ça a l’air de se calmer et le vent se lève un peu. Je décide de reprendre la route après le petit déjeuner. S’il flotte encore je ferai du stop sinon je continuerai à pied. Je quitte La Villa Angostura sous un ciel toujours gris et bas mais il ne pleut quasiment plus. Juste un peu de grésille très fine qui ne mouille même pas. En sortant de la ville je passe par quelques belles propriétés en bois. A certains endroits on voit bien les effets des fortes pluies.

J’arrive vraiment à la toute extrémité du lac que je quitte pour me diriger vers l’intérieur à l’Est. Ca commence à devenir très sauvage.

J’arrive à un croisement, à gauche le Chili à quelques kilomètres, à droite la piste qui mène à San Martin. Je m’y engage, à 25 Km il y aura la bifurcation pour La Villa Traful. Le paysage change complètement. Je me trouve rapidement dans une forêt très humide. Je croise la police, on est tout près du Chili, quelques mots échangés et je repars. Ils avaient l’air d’être surpris de me trouver là au milieu de nulle part, je les comprends...

Les paysages sont splendides, c’est la route des 7 lacs, « El camino de los siete lagos ». D’ailleurs je passe par le premier. Finalement en début d’après-midi j’arrive à un poste des Gardes du Parc, il n’y a bien sûr personne mais comme l’endroit est sympa je décide de rester. Il y a une petite plage ou je m’essaie à la pèche. J’essaie d’allumer un feu, c’est pas gagné après les 40 dernières heures de pluie. Je m’escrime pendant une bonne demi-heure et puis une idée lumineuse me vient. J’utilise une de mes petites bougies dont je me sers comme veilleuse dans la tente. En 5 minutes ça prend. Il fait bon, je me fais même une vraie toilette torse nu au soleil. Pour terminer la journée j’avale une bonne soupe avec des pâtes.

Il n’y a rien ici, j’entends seulement de temps à autre des cris d’oiseaux. Je suis complètement immergé dans la nature, le bonheur est total. Demain je compte rallier le croisement où je vais devoir décider de ma route, soit au Nord pour San Martin direct, soit à l’Est pour la Villa Traful. Il semble y avoir un endroit pour dormir, je verrai tout ça sur place. En toute fin d’après-midi il y a un peu de passage, les gens qui rentrent de leur ballade dominicale. Quelque uns s’arrêtent même. Quand je retourne voir ma ligne de pèche improvisée, elle n’y est plus, des gens voyant la bobine accrochée à un morceau de bois échoué ont du croire quelle avait été oubliée. Je reviens au camp, je profite un peu du feu puis gros dodo.

Jour 7 (30/08/2004) : Lac Espejo - Lac Correntoro

La nuit a été très froide et humide. Je me lève frigorifié vers les 8H. Je plie vite bagage et après un café bien chaud ça va mieux. Et c’est repartit. Les paysages sont de plus en plus magnifiques. La piste alterne montées et descentes en surplomb de lagunes et de lacs. Le ciel est voilé avec quelques passages de soleil. Il n’y a absolument personne, juste les oiseaux. Je quitte le lac Espejo en allant toujours vers le Nord puis peu à peu vers l’Est. La pluie a fait des ravages sur la piste, des ravines la traversent à plusieurs endroits encombrées par des arbres arrachés.

J’atteins enfin le Nord du lac Correntoro et je le longe un peu en surplomb. Puis j'arrive à l’endroit que j’avais repéré sur la carte. C’est une ferme magnifique vue de l’extérieur, mais plutôt rustique une fois à l’intérieur.

J’entre dans la pièce principale et il me semble entendre quelqu’un dans la cuisine. J’appelle... rien. Un peu plus fort... toujours rien. Je tente une approche. Une dame au type andin très prononcé répond enfin à mon « Hola ». Les intonations de son langage me font penser à une langue andine, je n’y comprends absolument rien. Elle m’indique de la main une autre dame à l’extérieur qui lave du linge dans un bac. J’arrive à comprendre assez difficilement son espagnol. Elle me dit qu’il est possible de manger mais que les deux chambres d’été sont fermées. En insistant elle accepte quand même de m’héberger. Je me pose au soleil sur un banc et une table impressionnante en bois massif, un bon morceau d’arbre à elle seule. Elle m’appelle pour leur repas. Elle me sert une sorte de pot au feu : un gros morceau de viande avec un os à moelle, patate, potiron et épis de maïs. J’avale tout ça, c’est d’autant plus délicieux que j’étais affamé. Un peu après le repas elle me montre une chambre plutôt rustique dans leur propre habitation, ainsi qu’une pièce qui fait office de salle de toilette , WC et douche. Etrange, il n’y a pas de bac à la douche ni de rideaux, ça coule du pommeau accroché au mur directement sur le sol de la pièce au centre de laquelle se trouve un trou d’évacuation. Ici on prend la douche et on lave par terre en même temps ! Je redescends dans la salle commune où je profite du poêle à bois, rustique lui aussi.

Le temps se couvre une nouvelle fois, ça passe de couvert à pluvieux. Demain il faudra que je rejoigne La Villa Traful qui se trouve à 30 Km. La route du Nord est bel et bien coupée et un passage même à pied est incertain. Je passe l’après-midi à me reposer, j’ai les pieds un peu cassés. La ferme s’appelle Quintupuray. En fin d’après-midi sa famille vient prendre le « Maté », la boisson nationale, une sorte d’infusion de plantes qu’ils boivent dans un pot à l’aide d’une tige métallique. Le soir j’ai droit à un hamburger local, 2 steaks hachés à forme et à composition indéterminées. La ferme est vraiment très rustique, pas d’électricité si ce n’est une petite heure le soir grâce au groupe électrogène. L’eau chaude très limitée provient d’une des antiques cuisinières à bois situées dans la cuisine. Je ne sais pas comment ça fonctionne mais l’eau est brulante dans la journée pendant 2 à 3 minutes et à peine tiède le reste du temps. La vie d’un autre siècle pour nous européens.

Jour 8 (31/08/2004) : Lac Correntoro - Villa Traful

Bonne nuit de récupération. Après la toilette à l’eau presque tiède je prends le café avec la femme, son mari, l’autre femme qui ne parle pas espagnol et un jeune travailleur. J’offre 3 bougies parfumées pour les remercier de leur hospitalité et puis je reprends la route. D’abord c’est une piste dégagée jusqu’au croisement des routes pour San Martin à gauche ou pour La Villa Traful à droite. Je prends donc à droite sans tenter le risque de passer par la piste coupée. Ca grimpe en pleine forêt humide pendant une demi-heure pour atteindre un col. Puis c’est une longue descente toujours à travers la forêt. J’entends des bruits qui proviennent du cœur de la forêt, j’accélère un peu le pas.

De la ferme à La Villa Traful il y a 30 Km. Si je les parcoure aujourd’hui j’aurais la possibilité de manger et dormir de façon moins rustique. La piste descend toujours mais je quitte peu à peu la montagne pour entrer dans une vallée. Je croise des chevaux qui semblent sauvages car ils ne sont pas ferrés. La forêt s’éclaircie de plus en plus, le sol devient sablonneux. La route est coupée à plusieurs endroits par de petits torrents. Il me faut passer par les berges quand c’est possible et quand ça ne l’est pas je passe directement dans l’eau, mes pompes sont étanches. Je fini par atteindre l’extrémité d’un nouveau lac. Il y a une plage de sable et la possibilité de camper.

J’ai parcouru la moitié du chemin et je décide de continuer. Maintenant la piste longe toujours plus ou moins ce lac sur sa rive Sud et en direction de l’Est. J’aperçois à peine l’autre extrémité du lac. La piste monte et descend en permanence, je passe par de petites falaises qui dominent le lac, c’est le genre de relief qui me convient pour marcher. Pendant 2 bonnes heures je continue mon avancée vers La Villa Traful. Je croise enfin une ferme. Un paysan sort et me hèle. On discute quelques instants. La piste traverse alors un bois qui est exploité par des forestiers que je croise puis passe par quelques fermes isolées. Je sens l’arrivée prochaine car ce sont maintenant de petites auberges qui proposent gite et couvert. Des propriétés succèdent alors aux auberges et j’atteins, après 6 heures de marche, ce qui me semble être un centre de village.

La Villa Traful est en fait un simple bourg regroupant quelques maisons, peut-être une cinquantaine en tout. Je discute quelques instants avec quelques policiers qui sont étonnés du parcours que j’effectue. Je me dirige vers la sortie du village où se trouve un camping, les auberges que j’ai vues ne me tentent pas. Mes vêtements sont trempés aujourd’hui, il a fait plutôt beau mais j’ai gardé la polaire. Je fais tout sécher au soleil. Je monte le camp et j’avale mon repas en deux temps, trois mouvements. Je profite au maximum du soleil.

Pour demain il faut que je me dirige vers La Confluencia. Par contre vu la distance et l’absence de point d’eau, de camping ou de tout autre chose, il faudra probablement que je fasse du stop sur la fin. Entre Quintupuray et La Villa Traful j’ai du croiser 2 ou 3 4x4 seulement, j’espère que ça sera le cas aussi demain entre La Villa Traful et La Confluencia...

Jour 9 (01/09/2004) : Villa Traful - Bariloche

Le vent de la nuit a complètement dégagé le ciel. Depuis plusieurs jours ça sera ma première journée ciel bleu et soleil. Par contre le vent s’est bien levé, heureusement je l’aurais en partie dans le dos. Je quitte La Villa Traful vers les 8H30. Je longe le lac sur une piste en forme de montagne russe. J’ai mal aux pieds, ça va être dur si je ne croise personne jusqu’à La Confluencia. Après 5 Km je passe par El Mirador Del Traful qui domine le lac et offre une vue splendide à l’Ouest d’où je viens et à L’Est vers où je me dirige.

La piste continue comme cela jusqu’à la quasi extrémité Est du lac où je passe par une sorte de ranch magnifique, version argentine.

La piste s’incurve alors vers le Sud-Est et je m’engage dans une vallée d’abord étroite puis qui va en s’élargissant. C’est un « no man’s land » comme je le pensais, toujours pas de véhicule. Cette région est beaucoup plus sèche et la piste de terre est devenue sèche et caillouteuse. Les pieds le sentent, ils commencent à me bruler. Après avoir contourné un massif rocheux sur la gauche la piste prend la direction Nord-Est, toujours aussi dure. Je passe devant une ferme immense sans voir personne. J’entre dans une vaste étendue plane derrière laquelle se trouvent de magnifiques massifs acérés comme des aiguilles. J’aborde de longues lignes droites qui cassent le moral. Après l’une d’elle je reprends la direction Sud-Est en longeant le Rio Traful, un fleuve dont le débit est impressionnant. La couleur de l’eau est d’une grande clarté, probablement de l’eau de fonte. Il doit pas faire bon s’y baigner ! Ca fait 6 heures que je marche et j’estime déjà être à 30 Km de La Villa Traful.

Enfin, 2 Km avant le carrefour pour Cuyin Mangano, un camion de forestiers s’arrête. A trois sur la banquette avant ils n’ont pas de place pour moi mais ils me proposent de monter sur la cargaison jusqu’au prochain croisement. Dans un nuage de poussière le camion repart et moi juché sur les rondins de bois, image inoubliable, il ne manque plus que la musique d’Ennio Morricone ! On entre ainsi dans une sorte de canyon creusé par le fleuve. Après qu’ils m’aient laissé je reprends la route vers La Confluencia. Il doit me rester 5 Km mais je n’en peux plus. Heureusement les paysages sont là pour faire oublier les douleurs.

Finalement après 35 Km j’arrive au croisement avec la route principale. J’ai 2 possibilités, soit reprendre une piste semblable à celle que je viens de faire en direction du Nord-Ouest pour rejoindre San Martin, soit rentrer à Bariloche. Je reste un moment à regarder la circulation, rien pour la piste vers San Martin, toute la circulation se trouve sur la route principale qui relie Bariloche à San Martin. Après une heure et une dizaine de voitures toujours rien. Mon choix est fait, je rentre à Bariloche. Finalement un mini bus s’arrête. Pour 8 pesos seulement il me ramène à Bariloche après 7 jours de trek sur environ 160 Km. Cassé je m’offre un steak de lama et une grosse Quilmess, la bière argentine, puis je rentre au gite. Après une douche d’une bonne demi-heure je chausse enfin des tennis bien légères. Il me reste une semaine de vacances. Demain repos complet, ensuite il y a plusieurs choses à faire dans le coin, petites ballades à pied ou en VTT...

Jour 10 à 17 (02/09/2004 au 09/09/2004) : Visites au Sud de Bariloche

Pendant cette semaine je visiterai finalement le Cerro Otto, le Cerro Tronado et son glacier, le Cerro Cathedral. J’irai aussi en voiture à San Martin et à El Bolson. J'aurais droit à une belle tempête de neige avec tellement de vent qu'elle tombais quasiment à l'horizontal !

Vues depuis le Cerro Otto

Glacier du Cerro Tronado et lac frio.

Passage difficile, les passagers doivent participer.